
LABÉ-La commune rurale de Tountouroun, bien que proche du centre urbain de Labé, est confrontée à une situation éducative alarmante. Le collège local a enregistré zéro admis au Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) cette année. Ce résultat catastrophique, couplé à une déscolarisation massive, met en péril l’avenir même du collège.
Mamady Keita, le principal du collège de Tountouroun que nous avons interrogé, exprime sa profonde inquiétude face à cette réalité désolante. « C’est regrettable de le dire, zéro admis, mais c’était attendu« , confie-t-il, soulignant des difficultés persistantes. L’établissement ne compte actuellement que 86 élèves de la 7ème à la 10ème année. La répartition est particulièrement préoccupante : 61 élèves en 7ème année, mais seulement 9 en 8ème, 9 en 9ème, et les 6 candidats malheureux de la 10ème année.
Quelles sont les raisons de l’échec? Le principal pointe du doigt plusieurs facteurs. Le manque d’enseignants qualifiés, notamment en français, est une difficulté majeure. « J’avais déjà signalé à l’IRE et à la DPE durant un temps à propos d’abord des professeurs de français, c’est une difficulté réelle« , déplore Mamady Keita. Les enseignants communautaires, bien que présents, ont souvent des problèmes de stabilité, partant « quand ils voient des opportunités ailleurs ». Ce qui perturbe l’assimilation des cours par les élèves.
Au-delà des problèmes d’encadrement, les effectifs réduits des classes supérieures posent un sérieux problème. « Les effectifs sont très faibles, il faut un effectif raisonnable pour déployer tous les moyens« , explique le principal.
Pour cette année, la 10ème année ne comptait que six candidats, dont un seul garçon, tous ont échoué. L’abandon scolaire, particulièrement chez les filles, est « notoire » et « les problèmes à surmonter sont énormes », selon le principal du collège.
Les évaluations de fin d’année pour les classes intermédiaires ne sont guère plus encourageantes. Sur les 61 élèves de 7ème année, seuls 36 passent en 8ème. Parmi les 9 élèves de 8ème, 6 iront en 9ème. Et sur les 9 élèves de 9ème, « c’est 2 seulement, tenez-vous bien c’est 2 qui arrivent en 10ème, » s’alarme le principal. Avec l’ajout des six redoublants de 10ème année, la prochaine promotion ne devrait compter que huit élèves.
Menace de Fermeture
Cette spirale négative conduit M. Mamady Keita à envisager des mesures drastiques. « Avec cette allure, le collège même est menacé de fermeture« , alerte-t-il. Il compte même proposer la fermeture de la 10ème année pour la prochaine rentrée, se concentrant sur les 7ème, 8ème et 9ème années, en attendant d’atteindre un effectif « raisonnable » pour la classe de BEPC.
Bien qu’il anticipe l’arrivée de 130 élèves en 7ème année pour la zone de Tountouroun, il souligne que la faiblesse des effectifs rend difficile d’obtenir un corps professoral complet.
Un ressortissant de Tountouroun, fonctionnaire à la retraite, interrogé par Africaguinee.com, considère cet échec comme une « forme d’interpellation aux familles de jouer tout le rôle pour le maintien des enfants à l’école pour la survie de l’éducation. » Selon lui, « l’établissement et les maîtres ne suffisent pas mais il faut une conscience collective pour empêcher l’abandon massif de l’école« .
Une problématique générale à Labé
Le problème de la déscolarisation n’est pas propre à Tountouroun. “Dans la préfecture de Labé, rare sont les collèges des communes rurales qui avaient un nombre de 50 candidats », a-t-il martelé. Beaucoup d’enfants abandonnent l’école pour d’autres activités ou sont transférés en ville pour un meilleur encadrement. Cependant, des exemples positifs existent, notamment dans les préfectures de Mali et Lelouma, où les ressortissants investissent des « financements énormes » pour soutenir les écoles, comme à Yembering, Singon, Diountou et la commune urbaine de Lélouma.
Source:https://www.africaguinee.com/labe-bepc-2025-zero-admis-a-tountouroun-le-college-menace-de-fermeture/