
CONKARY- Le ministre de la justice Alphonse Charles Wright et le juge Mohamed Diawara, sont tous magistrats. Mais depuis un certain temps, les deux ne conjuguent plus le même verbe. Leur guéguerre s’est transportée sur la place publique, une situation qui impacte le fonctionnement normal des juridictions du pays. Mohamed Diawara, fort de son statut de président de l’Association des Magistrats de Guinée (AMG) n’entend pas courber l’échigne se plier si facilement. Qu’est-ce qui est à l’origine de leur différend ? Le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry fait des révélations.
AFRICAGUINEE.COM : Pourquoi cette guéguerre entre le ministre de la justice Charles Wright et le président de l’AMG Mohamed Diawara ?
YAMOUSSA CONTÉ : Tout est parti d’un problème de bureau quand ils étaient tous juges d’instructions à Kaloum. Le décret disait qu’après le doyen des juges d’instruction, c’est Charles qui venait et c’est le bureau que Charles devrait occuper que Diawara a occupé. Finalement la présidente du tribunal d’alors en la personne de Madame Mariame Doumbouya, avait tranché entre eux. Charles a été reconnu comme celui-là qui doit occuper le bureau et depuis lors Mohamed Diawara n’a pas pu gober cela. Il est resté-là.
Il se disait également que c’est lui qui devrait être le président de la CRIEF quand cette juridiction a été nouvellement créée. Mais puisqu’il n’a pas eu ce poste, il a pensé que c’est Charles qui a en été la cause. Quand il y a eu l’incident entre Charles et Balla Samoura, il a fallu que je l’appelle, en ce moment j’étais président de tribunal de première instance de Labé, mais il a fallu que je l’appelle pour lui dire que les avocats et huissiers ne doivent pas agir avant vous, de prendre leur responsabilité. Malgré cela c’est à la dernière minute qu’ils se sont levés parce qu’ils veulent tous la tête de Charles.
Je le mets au défi, j’ai surpris Mohamed Diawara dans le bureau du ministre sortant Alain Koné, l’actuelle secrétaire générale du ministère de la justice est témoin, et l’inspecteur général Kairaba, l’inspecteur juridique. Je suis venu le surprendre, il était dans le bureau de Alain quand Charles était procureur général, il remontait Alain contre Charles, il inventait des histoires contre lui. J’ai dit : monsieur le ministre ce qu’il dit n’est pas vrai et qu’il a des comptes personnels, il a une dent
contre Charles, de ne pas l’écouter. Ça coïncidé à la rentrée des trois personnes que j’ai citées. Maintenant quand Charles a été nommé ministre de la justice, il a voulu qu’il le nomme procureur général, c’est le même jour de la passation qu’il lui a fait la proposition, Charles lui a dit d’attendre. C’est un problème d’égo. Quand Charles a suspendu Pierre Lamah, la promotion s’est retrouvée, je lui ai dit que vous avez été déloyale envers Charles. En pareille circonstance, le ministre c’est votre ami, vous l’appelez, échangez autour, finalement il a avoué devant à 4 ou 5 magistrats.
Beaucoup de magistrats ont été suspendus dans les juridictions de votre ressort. Est-ce qu’ils sont tous fautifs ?
Dans ce pays, tous ceux qui bossent, qui veulent que le pays soit sur les rails, ils deviennent une cible à abattre. Tous les bons cadres ont disparu comme ça sur le terrain. Tu peux tout reprocher à Charles mais il ne fait pas un règlement de compte. Tous les magistrats qui sont suspendus, de près ou de loin ils ont failli à leur responsabilité quelque part. Sinon comment vous pouvez accepter de mettre une dame en liberté alors qu’elle est accusée d’avoir versé de la soude caustique sur les parties génitales et le visage de son mari ? Cette dame était placée sous mandat de dépôt par le juge d’instruction, vous lui accordez une liberté sans forme de procédure, après vous dites que c’est son avocat qui vous a dit qu’en cas de besoin, il allait vous revenir. Quand l’inculpé est devant le juge d’instruction il faut une demande de mise en liberté, ça été le cas de la suspension du procureur de Coyah. Ce dernier reconnait d’ailleurs sa faute.
Pour le cas d’Israël Kpoghomou qui a été suspendu à Labé, là aussi la partie civile avait fait une lettre de désistement. Cette lettre a été déposée au cabinet d’instruction, qui à son tour a rendu une ordonnance de non-lieu de l’inculpé pour dire qu’il n’a pas trouvé de charges contre lui. La décision a été communiquée à Israël, en tant que procureur, il avait un délai de 72 heures pour dire s’il est d’accord, au contraire il relève appel contre l’ordonnance ou à défaut il l’exécute. Mais il a attendu deux mois jusqu’à ce que prévenu ait trouvé la mort. Sans défendre qui ce soi, mais il y a une faute. J’ai dit cela à Israël, il m’a répondu qu’il était en inspection. Je lui ai dit : étant chef, lorsqu’il se déplace et rentre, il demande à ce qu’on lui fasse compte-rendu ; quels sont les dossiers rentrés et ceux qui sont sortis.
La particularité de Labé, dans cette juridiction il n’y a qu’un seul cabinet d’instruction, donc un seul registre de transmission entre le parquet et le cabinet d’instruction. Rien ne l’empêchait de vérifier dans ce registre. Le juge d’instruction est seul et mais eux au parquet ils étaient trois, en principe c’est le juge d’instruction qui devrait être débordé. Au contraire, c’est celui-ci (juge d’instruction) qui travaillait eux (Israël et Cie) ne travaillaient pas, il avait communiqué une vingtaine de dossiers pour règlement qu’ils n’ont pas sortis. Et, quand c’est comme ça il y a faute professionnelle.
Conséquence de par sa négligence, le prévenu a trouvé la mort en prison. Or, il avait bénéficié d’une ordonnance de non-lieu qui disait qu’il n’y avait pas de charges, mieux, la partie civile avait désisté de son action contre lui. Quand le ministre suspend un magistrat dans de telles conditions, peut-on parler de règlement de compte ?
Quid du président de l’AMG ?

Mohamed Diawara, dans son premier communiqué qui a prévalu à sa suspension c’est parce qu’il a injurié le ministre. On ne dit pas à son chef, de manière instinctive, d’animosité (…), il faut peser les mots. Le magistrat a l’obligation de réserve.
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